Le métier d’ATSEM c’est quoi ?

Le métier d’ATSEM (Agent Territorial Spécialisé des Écoles Maternelles) : une reconnaissance méritée pour une pénibilité indéniable.
Depuis de nombreuses années, le métier d’agent territorial spécialisé des écoles maternelles est loin d’être reconnu à sa juste valeur. Nos  missions ont grandement évoluées sans le salaire qui va avec et c’est pour cette raison que nous étions en grève le jeudi 1er février.
Officiellement, nos missions consistent à assurer l’hygiène et la sécurité des enfants, assister l’enseignant durant le temps scolaire, assurer l’entretien de la classe et des locaux, encadrer les ateliers, le temps de la pause méridienne et de la sieste …
Dans la réalité nous sommes souvent, infirmière, psychologue, assistante sociale, puéricultrice, agent d’entretien… Pourquoi  ? Parce que notre métier n’est pas réglementé au niveau national. Nous sommes malheureusement les grandes oubliées des écoles maternelles alors que nous sommes indispensables à leur bon fonctionnement et complémentaires des enseignants. Tout comme eux, nous sommes des professionnels de la petite enfance et détenteurs d’un concours très sélectif.
Pour toutes ces raisons, il est crucial de mettre en avant la pénibilité extrême de cette profession, qui exige une présence constante avec des enfants en bas âge. Alors que cette pénibilité a été reconnue pour le corps enseignant,  il est grand temps de l’étendre également aux ATSEM !
Une charge émotionnelle et physique : Les ATSEM sont constamment sollicitées sur le plan affectif par les enfants en bas âge. Elles doivent répondre à leurs besoins émotionnels, tout en gérant des situations parfois intenses. De plus, elles sont exposées à des gestes répétitifs et à des postures contraignantes pour accompagner les enfants dans leurs activités quotidiennes.
Des contraintes organisationnelles : Les ATSEM effectuent des tâches multiples et variées, accompagnent les enseignants dans les ateliers et la gestion de la classe, tout au long de la journée. Elles doivent gérer l’hygiène des enfants, les assister lors des repas, les accompagner aux toilettes. Elles sont aussi les garantes du bon sommeil des enfants, accompagnent leur endormissement et prennent soin à un réveil respectueux de l’enfant. Elles préparent et gèrent très souvent les arts plastiques. A croire qu’elles ont une prédisposition dans ce domaine ou simplement le coté salissant rend cette tâche moins attractive auprès de leurs collègues enseignantes? Parmi les trop nombreuses missions il y a aussi mettre en place et ranger les jeux et les classes, entre autres comme responsabilités, sachant que cette liste est loin d’être exhaustive. Ces obligations demandent une disponibilité de chaque instant et une compétence organisationnelle sans faille.
Des risques professionnels et des problèmes physiques et psychiques : Les ATSEM sont exposées à divers risques professionnels, notamment les troubles musculo-squelettiques (TMS) qui ont explosé ces dernières années. En effet, elles effectuent régulièrement des manipulations de mobilier lourd, d’équipements et de matériaux. Les troubles liés au bruit ambiant des classes et de l’exposition permanente avec les enfants ; sans parler des maladies dues aux contacts avec des enfants malades, de plus en plus présents depuis la fin des évictions et qui sont également des facteurs de risque réels. Le contact avec des parents qui sont de plus en plus exigeants et le nombre toujours plus croissant de strates hiérarchiques et
de la double voire triple hiérarchie si l’on rajoute celle du DAL.


Les contraintes horaires et la gestion du stress : Les ATSEM doivent s’adapter à des horaires à rallonge (9h30) et un nombre de missions croissantes et condensées, ce qui perturbe leur rythme biologique naturel. Créant en parallèle une très grande usure avec une explosion des dossiers traités au Comité Médical. Les récréations bruyantes, le besoin constant de vigilance pour assurer la sécurité des enfants et la gestion des situations de stress permanentes, plus particulièrement sur la pause méridienne, les exposent à une charge psychologique élevée.
La reconnaissance des autres professions du corps éducatif : Par le passé, la pénibilité de certaines professions du corps enseignant a été reconnue, notamment par la délivrance de la bonification indiciaire. Cette reconnaissance symbolique témoigne de la nécessité d’étendre cette reconnaissance à l’ensemble du personnel éducatif, y compris les ATSEM. Avec des journées de 9h30 dont 8h00 en accompagnement des enfants, les ATSEM, à bout de souffle, qui contrairement aux idées reçues ne sont pas en congés en même temps que les enseignants, puisqu’elles se voient infliger une semaine de nettoyage à chaque période de vacances et même une semaine et demi en août. La deuxième semaine de chaque vacances scolaires correspond en réalité à la pose de 17 jours de RTT, juste compensation de leurs journées de 9h30. Elles n’ont pas plus de vacances scolaires qu’un agent administratif.
Ainsi, il est indispensable d’accorder une reconnaissance méritée aux ATSEM, qui font preuve d’une dévotion et d’un investissement sans faille auprès des enfants. Cette reconnaissance pourrait passer par des mesures telles que l’amélioration des conditions de travail, la mise en place d’un accompagnement psychologique, ainsi qu’une revalorisation salariale significative et une reconnaissance de pénibilité de niveau 2, ainsi qu’un passage en catégorie active pour une retraite anticipée et méritée.
Le métier d’ATSEM est un métier très féminisé ( plus de de 98 % à la ville de Lyon), sous payé et indéniablement pénible, nécessitant une présence constante avec des enfants en bas âge. Il est temps de réévaluer et de reconnaître sa pénibilité, au même titre que les autres professions du corps éducatif, pour que ces acteurs incontournables de l’éducation puissent exercer dans des conditions optimales et continuer à offrir une éducation de qualité aux enfants.
Le bien-être des enfants passe par le bien être des agents qui veillent sur eux.
Marie-Laure, Louisa, Nora

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