Spontanément adoptée et reprise en chœur dans les rassemblements et manifestations pour les revendications et la défense des libertés, c’est devenu un des chants favoris des luttes animées par la CGT.
Dans les années 1970, la municipalité de gauche du Havre (pas celle d’Édouard Philippe !) lance une opération culturelle avec la participation de la population. Elle se déroule sur un mois et s’appelle tout simplement « Juin dans la rue ».
En 1971, l’association de loisirs et culture est créée avec un animateur permanent, employé municipal, et un comité de gestion d’une vingtaine de membres. Le nom de Centre de Loisirs et d’Échanges Culturels (CLEC) est retenu par le Conseil d’ Administration. Les CLEC comptent jusqu’à 10 % de la population des quartiers comme adhérents et sont particulièrement impliqués dans diverses activités manuelles ou culturelles, avec des spectacles parfois programmés par la Maison de la Culture.
En juin 1977, il en existe dans les 7 quartiers du Havre
Ils préparent « Juin dans la rue » avec les habitants pendant six mois. Chaque quartier reçoit une des 7 couleurs de l’arc-en-ciel, ainsi qu’un thème à travailler : le bateau, les enfants, le village et la cité, l’hommage aux anciens, la non-violence, la Paix et toutes les couleurs. Chaque thème doit être illustré par une chanson, un poème et un symbole matériel exprimant ce qu’il faut détruire : l’argent, le racisme, la guerre…
Chaque année, à l’occasion de la manifestation « Juin dans la rue », les jeunes (et moins jeunes) défilent lors d’un mini carnaval dans le centre-ville. Des concerts ont lieu dans les quartiers et un grand concert clôture ce mois de fêtes. En 1977 le spectacle final sera une « Fête de la paix » dont l’élaboration a été confiée à Michel Fugain et à sa compagnie.
Les artistes se répartissent dans les différents CLEC et la teneur du spectacle est élaborée avec les adhérents guidés par les professionnels. Chaque CLEC choisit un thème. Un des quartiers choisit la revendication, la lutte, et décide de s’habiller en rouge pour la manifestation. Un texte est remis au parolier Maurice Vidalin qui crée « Le Chiffon Rouge », qui sera même enregistré en studio. La première interprétation publique aura lieu dans un gymnase où tous les participants se retrouvent pour l’ultime répétition. Le spectacle sera donné sur une scène gigantesque devant 40 000 spectateurs.
Michel Fugain dira dans son livre en 2008 Des rires et une larme, éditions Succès « Le Chiffon Rouge est ma Légion d’Honneur à moi. »
Paroles de Le Chiffon Rouge
Accroche à ton cœur un morceau de chiffon rouge
Une fleur couleur de sang
Si tu veux vraiment que ça change et que ça bouge
Lève-toi car il est temps
Allons droit devant vers la lumière
En levant le poing et en serrant les dents
Nous réveillerons la terre entière
Et demain, nos matins chanteront
Compagnon de colère, compagnon de combat
Toi que l’on faisait taire, toi qui ne comptais pas
Tu vas pouvoir enfin le porter
Le chiffon rouge de la liberté
Car le monde sera ce que tu le feras
Plein d’amour de justice et de joie
Accroche à ton cœur un morceau de chiffon rouge
Une fleur couleur de sang
Si tu veux vraiment que ça change et que ça bouge
Lève-toi car il est temps
Tu crevais de faim dans ta misère
Tu vendais tes bras pour un morceau de pain
Mais ne crains plus rien, le jour se lève
Il fera bon vivre demain
Compagnon de colère, compagnon de combat
Toi que l’on faisait taire, toi qui ne comptais pas
Tu vas pouvoir enfin le porter
Le chiffon rouge de la liberté
Car le monde sera ce que tu le feras
Plein d’amour de justice et de joie
c’est important de transmettre ces chants et événements et en ce moment c’est très difficile. Une mamie de 71 ans qui ne lâche rien mais trouve compliqué de transmettre à ses petits enfants qui préfèrent leur tablette !!!