La ville de Lyon a mis en place pour la troisième année consécutive une enquête sur la qualité de vie des agents sur leur lieu de travail.
Cette année 34 % des agents ont répondu à ce sondage. C’est 9 points de plus qu’en 2024 avec un recul important de la participation des catégories C.
Mais alors que nous apprend cette nouvelle enquête ?
82 % des agents sont satisfaits de travailler à la ville. Ce chiffre n’est toutefois pas répercuté par catégorie.
L’un des points les plus alertant concerne la paye. 26 % des agents ayant répondu pensent être correctement payés. C’est 2 % de moins qu’en 2024 mais 11 % de plus qu’en 2023.
Cette évolution peut s’expliquer par plusieurs facteurs. En 2024 la ville de Lyon a augmenté de 100 € minimum l’IFSE, grace au combat syndical, et si les agents ont en 2025 le sentiment d’être moins bien payés qu’en 2024 cela s’explique par l’évolution du coût de la vie. Tout augmente alors que pour les agents publics le point d’indice est gelé. Il y a aussi la fin de la GIPA pour les agents arrivant en fin de grille et à la lecture des résultats par catégorie l’on découvre que 20 % des catégories C estiment être bien payées soit 8 % de moins qu’en 2024. Il y a fort à penser que si les catégoires C avaient répondu plus nombreuses l’écart global aurait été encore plus grand.
Il en est de même sur la satisfaction de travailler à la ville. Seules les catégories A sont au-dessus de la moyenne globale comme aussi sur le fait d’aimer son travail et avoir plaisir à venir travailler à la ville. Le pourcentage global est le même que l’an dernier mais en baisse pour les B et les C de 3 %.
Sur la question «j’ai suffisamment de temps pour faire tout ce que je doit faire» les chiffres ont beaucoup évolué. 43 % des agents répondaient oui à cette question en 2023. Ils sont 54 % en 2025. Les tâches ont-elles été diminuées ou des agents ont été recrutés ?
Malheureusement l’on ne trouve aucune référence à ces chiffres par catégorie, ce qui doit nous alerter. Alors qu’à la direction de la petite enfance seulement 33 % des agents repondent de manière positive à cette question.
A la question « mon travail est pénible, fatigant sur le plan physique.» les chiffres passent de 49 % en 2023 avec une amélioration en 2024 avec 53 %, pour revenir au chiffre de 49 % en 2025.
Cette fois les chiffres donnés ne nous permettent pas d’analyser quelle catégorie a vu ses conditions de travail se détériorer, ni de quelle direction il s’agit. Sans tirer de conclusions hatives nous pouvons toutefois mettre en relation le temps d’exécution avec la pénibilité et la fatigue …
A la question «je suis satisfait de mon parcours professionnel à la ville de Lyon» les catégories C sont en dessous de la moyenne de 4 points avec 64 %. Les B sont dans la moyenne et les A 3 points au-dessus. Il y a donc bien une différence de 7 points de satisfaction entre les A et les C
Les résultats de cette enquête confirment clairement ce que de nombreux agents expriment depuis longtemps : les conditions de travail restent exigeantes et parfois éprouvantes. Beaucoup soulignent un manque de reconnaissance et estiment que leur rémunération ne reflète pas toujours leur investissement. Derrière les discours sur le « bien-être au travail », la réalité du terrain montre qu’il reste encore beaucoup à faire pour améliorer la considération, l’écoute et les conditions d’exercice des missions au quotidien.
La première source d’insatisfaction reste, sans surprise, la rémunération. Certains font part d’un sentiment de donner beaucoup, de s’impliquer pleinement dans le service public, sans que cela soit ni vu, ni valorisé.
Beaucoup parlent d’un fossé qui se creuse entre les discours d’encouragement et la réalité de leur fiche de paie.
À ce manque de reconnaissance s’ajoute une charge de travail devenue insupportable. Près de 85 % des agents déclarent subir un stress élevé. Ce chiffre, déjà alarmant en soi, dit tout d’une situation où l’urgence est devenue la norme, où les effectifs insuffisants et l’intensification des missions ne laissent plus de répit. Les agents ont le sentiment de courir sans cesse après le temps, de devoir faire toujours plus avec toujours moins.
Ce rythme effréné a des conséquences graves : fatigue chronique, maladies professionnelles, perte de sens. L’usure gagne du terrain et la santé des agents est mise en danger.
Autre paradoxe : alors que l’enquête affiche 85 % de satisfaction concernant la relation hiérarchique, la réalité du terrain raconte une toute autre histoire. Les témoignages d’agents font état de tensions, de conflits, parfois même d’abus de pouvoir.
Ce décalage entre les chiffres officiels et le vécu concret montre bien que les résultats ne doivent pas être pris pour argent comptant.
Une lecture critique s’impose : l’administration ne peut pas s’abriter derrière des statistiques rassurantes pour ignorer les difficultés réelles.
Et puis, il y a les conditions matérielles. Des bâtiments vétustes, mal isolés, mal entretenus, des bureaux exigus. Comment parler de bien-être au travail quand on passe ses journées dans des locaux froids l’hiver, étouffants l’été ?
Dans l’ensemble, cette enquête met en lumière avec des chiffres et des mots ce que les agents répètent depuis longtemps: salaires insuffisants, charge de travail écrasante, stress permanent, harcèlement persistant, inégalités entre catégories, conditions de travail difficiles.
La ville de Lyon ne peut plus se contenter de constater. Il faut maintenant agir. Les agents n’attendent pas des promesses ou des slogans, mais des mesures concrètes: une vraie revalorisation salariale, des recrutements pour soulager les équipes, des moyens renforcés pour prévenir le harcèlement et un plan d’investissement ambitieux pour remettre à niveau les locaux.
La Qualité de Vie au Travail ne doit pas être un outil de communication interne, un alibi pour dire que tout va bien. Elle doit devenir un levier réel de transformation, au service de celles et ceux qui font vivre le service public chaque jour.
