Personne ne peut rester silencieux face à la situation dans toute la Palestine.
Nous avons tous les yeux rivés sur Gaza sans regarder ce qui se passe globalement dans le pays.
La Cisjordanie est 15 fois plus grande que Gaza et compte environ trois millions de Palestiniens, dont plus de 900 000 réfugiés majoritairement les descendants de ceux qui ont été déplacés lors de la Nakba (catastrophe) de 1948 et des guerres qui l’ont suivie.
La colonisation israélienne s’étend jour après jour, maison par maison, champ par champ, quartier par quartier. Les colons prennent possession des terres des Palestiniens par des actes de violence et des pressions incessantes.
Le 21 janvier 2025 une opération militaire, nommée Mur de fer a été lancée dans le nord de la Cisjordanie, l’offensive militaire la plus importante en Cisjordanie depuis la Seconde Intifada. Le ministre israélien de la défense a déclaré que les camps de Jénine, Tulkarm et Nur Shams ont été « évacués de leurs habitants » et que l’armée « préparait une présence prolongée pour empêcher le retour des résidents ». Des démolitions massives de maisons et des destructions d’infrastructures civiles ont lieu dans ces zones.
Selon les Nations-Unies, cette campagne a contraint plus de 40 000 Palestiniens à fuir leur foyer.
Aujourd’hui c’est plus de 32 000 Palestiniens qui restent déplacés. Il faut remonter à la guerre israélo-arabe de 1967 pour connaître un aussi grand phénomène de déplacement de population palestinienne en Cisjordanie.

La Knesset, le parlement israélien, a voté le 23 juillet 2025 sa volonté d’annexion de la Cisjordanie par 71 voix pour et 13 contre. Cette résolution vise à « déclarer cette terre partie intégrante de l’État d’Israël ». La continuité de la politique menée par Netanyahu déclarant même en 2023 « Il n’y aura pas d’État palestinien, cet endroit nous appartient » en parlant de la Cisjordanie.
Depuis le 7 octobre 2023 c’est 996 Palestiniens qui ont été tués en Cisjordanie, 212 étaient des enfants, lors d’attaques menées soit par l’armée israélienne soit par des colons.
Selon l’ONU, 757 attaques ont été menées par des colons israéliens en Cisjordanie au cours de l’année 2025, année qui est loin d’être terminée.
Quant à Gaza il est très difficile pour nous d’avoir des chiffres exacts sur l’impact de la guerre. Israël interdit la présence de journalistes étrangers. Les seules informations dénonçant la situation sur place nous parviennent de journalistes de Palestine présents sur le terrain au péril de leur vie. Depuis 2 ans 222 journalistes ont été assassinés par Israël.
Sans leur présence, la communauté internationale et l’opinion publique n’auraient peut-être pas pris conscience que sur place se déroule un véritable génocide.
Mais que signifie le terme génocide ?
Il a été inscrit dans le droit international par une convention à l’ONU en 1948, soit au sortir de la seconde guerre mondiale et des atrocités de la Soha et après les procès de Nuremberg.
Le génocide est défini dans l’article II de cette convention comme des actes commis dans l’intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux, par :
• Le meurtre de membres du groupe.
• L’atteinte grave à l’intégrité physique ou mentale de membres du groupe.
• La soumission intentionnelle du groupe à des conditions d’existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle.
• Des mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe.
• Le transfert forcé d’enfants du groupe à un autre groupe.
Tous cela se traduit en chiffres, en 2 ans c’est plus de 67 000 personnes assassinées, les civils particulièrement visés puisque ils représentent 84% des victimes, beaucoup de femmes et d’enfants. Une étude de la revue médicale The Lancet estime que « le bilan des décès pourrait être 40-% plus élevé ». C’est aussi plus de 170 000 blessés. Pour l’UNICEF, dans cette guerre un enfant est blessé ou tué toutes les dix minutes.
C’est aussi 1,9 millions de déplacés forcés d’un point à un autre puis ramenés à leurs point d’origine. C’est pour l’université étasunienne de Cornell l’une des campagnes de bombardements les plus intenses du XXIème siècle, causant des dégâts urbains considérables. 90% des bâtiments ont été détruits ou endommagés gravement. Des tirs de missiles frappent sans distinction hôpitaux, écoles, camps humanitaires avec toujours le même prétexte qu’ils serviraient de base arrière pour le Hamas.
Plus de 120 000 tonnes de bombes ont été larguées en 2 ans sur 40 Km², soit 15 fois plus que sur Dresde en 1945.

Avant l’agression sioniste, la bande de Gaza comptait 36 hôpitaux ; il n’en reste que 14 aujourd’hui, avec des conditions de fonctionnement plus que précaires. À peine 1 500 lits obligeant les quelques soignants qui restent à pratiquer la médecine de guerre, en devant faire le choix entre ceux que l’on peut tenter de sauver et ceux qui sont condamnés.
Le gouvernement Netanyahou a imposé un embargo sévère sur toute l’aide humanitaire. Gaza était déjà avant la guerre une prison à ciel ouvert, mais depuis le déclenchement de cette guerre aveugle, c’est un territoire où il manque de tout : nourriture, eau, médicaments, matériel médical, carburant, électricité.
Aujourd’hui c’est plus de 500 000 personnes qui sont en situation de famine, plus d’un million de personnes supplémentaires sont en niveau “Emergency” (IPC Phase 4), c’est-à-dire juste en dessous de la famine, et la totalité de la population de Gaza, soit près de 2 millions de personnes, fait face à de l’insécurité alimentaire aiguë.
La Fondation Humanitaire de Gaza (GHF), récemment créée de toute pièce par Israël et les Etats-Unis profite de cette situation pour, comme le disent près de 200 ONG, tendre un « piège mortel » à la population venant chercher de quoi survivre. En quelques semaines ces distributions ont causé la mort de 500 personnes et fait plus de 4 000 blessés parmi les personnes venues se procurer de la nourriture.
Face a un tel constat, différentes organisations parmi lesquelles la CGT ont décidé d’intervenir en prenant part à l’initiative d’une flottille qui avait pour ambition de casser l’embargo en créant un corridor humanitaire maritime.

Et c’est une fois de plus au mépris de toutes les règles internationales que les bateaux de cette flottille ont été dans un premier temps attaqués par des drones pour les forcer à rebrousser chemin, et ensuite arraisonnés militairement dans les eaux internationales. Cette action est un acte délibéré de piraterie mené par ce que les Etats-Unis définissent comme la plus grande démocratie du Moyen Orient.
Quant aux personnes embarquées sur ces bateaux elles ont été présentées comme des terroristes en Israël, illégalement arrêtées, mises en détention dans des prisons israéliennes et maltraitées dans le mépris complet des règlements internationaux.
A l’heure où nous écrivons ces lignes un cessez- le-feu est en cours à Gaza mais cela ne change rien à la situation sanitaire sur place où Israël fait rentrer les camions d’aide humanitaire au compte-goutte.
Dans ce monde hyper connecté nous ne pourrons pas dire que nous ne savions pas et nous ne pouvons pas rester de simples spectateurs pendant qu’un peuple se fait massacrer sous nos yeux.
En France, en Italie et dans de nombreux ports de la Méditerranée des dockers syndicalistes bloquent les livraisons d’armes et d’éléments électroniques en direction d’Israël.
Mais nous pouvons aussi réagir en boycottant les produits et les entreprises qui travaillent avec Israël comme nous avons pu le faire pour l’apartheid en Afrique du Sud.
Nous pouvons aussi réagir en signant la pétition sur le site de la CGT ville de Lyon qui demande au gouvernement français de protéger les futurs convois afin d’établir un corridor humanitaire avec Gaza.
Les actes de notre gouvernement ne doivent pas se borner à la seule reconnaissance de l’État de Palestine. Les frontières de 1967 ont été largement dépassées et les accords d’Oslo n’ont jamais été respectés par Israël.
Les agissements du gouvernement fasciste de Netanyahou rendent, jour après jour, la solution à deux états de plus en plus compliquée.
Depuis 130 ans la CGT s’est toujours opposée aux guerres et au colonialisme. Certains militants l’ont même payé de leur vie comme les 9 du métro Charonne par exemple.
Il est donc normal qu’aujourd’hui notre organisation soit en première ligne pour qu’enfin la paix revienne et que tout le monde puisse vivre ensemble.
