La CGT, par l’intermédiaire de la Confédération a décidé d’appeler à voter pour le Nouveau Front Populaire. Cette décision est une décision historique passant du vote « barrage » au « soutien ». Depuis le programme commun, jamais la CGT ne s’était engagée aussi clairement en faveur d’une coalition politique.
Durant notre CE du mois de juin nous avons eu un long échange sur cette question. Le danger de l’Extrême Droite est terriblement inquiétant ; Beaucoup ont banalisé les effets d’une possible arrivée au pouvoir avec la casse que cela pourrait produire sur toute la société (étranger·es et français·es). Mais cet état de fait n’est pas sorti de la cuisse de Jupiter (ou peut être un peu). Il est le résultat de plus de 60 ans de politiques libérales, de casses des conquis du C.N.R. et du Front Populaire de 1936, de la destruction méticuleuse des Organisations Syndicales ou Politiques, de l’engagement associatif…
Il en résulte l’opposition systématique entre différentes couches de la société : Français·s et étranger·es, fonctionnaires et salarié·es du secteur privé, employé·es et chômeur·ses, femmes et hommes habitants des villes et des campagnes, jeunes et agé·es. En bref du repli sur soi…
Tout cela a été orchestré par les même élu·es et candidat·es politiques qu’aujourd’hui, et ce, quelle que soit leur couleur politique !
Au point même de ressortir des ancien·nes élu·es politiques usé·es qui sentent la naphtaline comme un certain François Hollande pour ne citer que le plus emblématique. Le grand défenseur des travailleur·ses face à la finance (son ennemie jurée). Le grand architecte de la loi travail, de la réforme des retraites version Touraine, et même mentor le notre actuel président ! Il ira même jusqu’à proposer des lois pour draguer les électeur·rices d’Extrême Droite comme la déchéance de nationalité (qui n’a heureusement pas été adoptée).
Il y a de quoi se poser des questions, non ? Si nous faisons le constat des élections passées, qu’en ressort-il ?
Oui, nous avons heureusement réussi à échapper au pire, en empêchant l’Extrême Droite d’accéder au pouvoir. Mais y a-t-il un « gagnant » ?
Le Nouveau Front Populaire n’a pas été en capacité de prendre la présidence de l’Assemblée Nationale, certes anecdotique, mais qui témoigne bien du rapport des forces. Le NFP aura toutes les peines du monde pour appliquer son programme et créera sûrement des déçu·es.
Le président et ses allié·es perdant près de 100 député·es, et passe d’une majorité relative à un rôle d’arbitre ou de blocage. La droite, qui malgré un front républicain ne conserve même pas 50 député·es et qui a vu en son sein certain·es de ses membres conclurent des accords avec le RN ?
Si certain·es pensaient que le RN défendait le « camp des travailleurs », l’alliance avec les libéraux est la preuve du contraire. La seule petite victoire serait-elle alors pour l’Extrême Droite (le RN et ses allié·es) ?
Ils n‘ont certes pas connu la progression que nous vantaient les médias en atteignant la majorité absolue mais ils atteignent un nombre de député·es jamais égalé, passant de 8 élu·es en 2017 – résultat déjà historique – à 88 élu·es en 2022 pour aujourd’hui atteindre… 126 député·es.
Le RN est plus que jamais le premier parti représenté à l’assemblée.
Toutes les personnes qui nous ont servi la même soupe à chaque élection ne luttent pas contre les idées d’Extrême Droite et ne font que retarder le processus de changement. Il ne faut pas être devin pour imaginer le résultat des élections européennes et législatives comme l’on peut encore imaginer celles des prochaines échéances nationales. Les élections ne sont qu’un thermomètre de l’état d’esprit social des seul·es votant·es.
Mais, si la France a la fièvre, la situation n’est pas pour autant inéluctable ayant seule fin possible l’arrivée au pouvoir du RN. Cela demande de l’engagement : tout d’abord à la CGT, dans les associations, les partis politiques ; dans la vie de tous les jours en prenant en main les décisions qui nous concernent, et non en déléguant notre pouvoir au premier « beau parleur » venu ; en luttant tous les jours face à tout ce qui nous révolte et qui est devenu « banal ».
Un autre horizon est possible en créant le rapport de force nécessaire afin d’arriver à gagner par la rue ce que certain·es nous promettent par la voie politique. Nous pouvons aller même plus loin comme ce fut le cas avec la création des Congés Payés, non prévue à l’origine dans programme du Front Populaire de 1936 : arrachée par la lutte !
En 1936, 1945 et 1968 c’est bien la rue qui nous a fait gagner ! Aujourd’hui ce ne sont que l’égalité de tous et toutes, une meilleure répartition des richesses, un travail rémunérateur, de bonnes conditions de travail, un service public de qualité disponible (pour tout le monde et partout) et enfin… une retraite digne de ce nom, qui pourront faire barrage aux fascistes de tous bords. Alors il est plus que temps d’œuvrer ensemble pour que le grand perdant ne soit pas le camp des travailleurs et des travailleuses !