Le 14 juin 2024, l’élu en charge de la Promotion des services publics, Monsieur Bosetti a envoyé aux représentant·es du personnel du Comité Social Territorial, une réponse à la mobilisation des agentes ayant eu lieu le 10 juin 2024.
Dans ce courrier, Monsieur Bosetti revient sur le contexte en soulignant l’intérêt de la note de service qui « souhaite limiter les conséquences négatives pour les enfants et leur famille lors des « grèves éparses ». Afin d’apaiser le climat social, le projet de délibération portant sur la continuité des services publics de l’Education sera retiré de l’Ordre Du Jour du Conseil Municipal du 27 juin 2024 tout en conservant des mesures pour améliorer les conditions de travail des agents et la qualité du dialogue social. »
Le 4ème adjoint au maire souligne que les Organisations Syndicales « lors de ce CST ont eu un vote unanimement défavorable et que les membres du C.S.T. issu·es de la majorité municipale ont longuement échangé » avec une délégation d’agentes. Elles étaient venues témoigner de leurs conditions de travail délétères, de la pénibilité, de la non-reconnaissance de leur métier, de l’usure professionnelle et du non-remplacement des collègues. Ce qui, sans surprise, engendre encore un surcroît de travail. Même si les nombreux arguments des agentes ont convaincu nos élu·es, dans la suite du courrier, notre adjoint affirme qu’à la « vue de ces échanges, et du contexte politique le lendemain des élections européennes, (courrier du 14 juin avant les législatives) ils (les élu·es de la majorité) ont souhaité disposer d’un temps de réflexion avec leurs collègues (élue·es), et se sont abstenus sur le rapport ».
Pour finir, notre adjoint, avait fait part de son souhait, à savoir que le préavis déposé par la CGT pour « le 27 juin soit levé » et se termine par une invitation à ce que « nous travaillions ensemble dès la rentrée à limiter les conséquences des grèves éparses ». Autrement dit l’administration n’a pas dit son dernier mot…
Pour mémoire la restriction du droit de grève dans la fonction publique est une possibilité crée par la loi de 2019 dite de « transformation de la fonction publique » une sorte de loi El Komeri applicable aux fonctionnaires. Dans ses articles la loi stipule « l’autorité territoriale et les Organisations Syndicales … peuvent engager des négociations en vue de la signature d’un accord visant à assurer la continuité des services publics de collecte et de traitement des déchets des ménages, de transport public de personnes, d’aide aux personnes âgées et handicapées, d’accueil des enfants de moins de trois ans, d’accueil périscolaire, de restauration collective et … »
La ville de Lyon avait donc décidé de saisir cette opportunité sans n’y avoir été contrainte. C’était donc un choix politique de leur part. Aujourd’hui, la loi se «limite» à 8 services publics, 2 pour la Ville de Lyon. Aujourd’hui ce sont les crèches et les écoles qui sont concernées et demain ?
Sarkozy dans un discours disait « Désormais, quand il y a une grève en France personne ne s’en aperçoit.» Cela ne serait-il pas le doux rêve de notre maire ?
Limiter le droit de grève, c’est croire que la grève est un plaisir, c’est casser la capacité de mobilisation et d’action des agent·es, c’est contraindre les salarié·es les plus faibles, souvent des femmes, à faire grève à la journée alors que certains services peuvent l’appliquer à l’heure. C’est un réel danger dans ce contexte de montée du fascisme ! Comment lutterons-nous pour la défense de l’intérêt collectif et du service public ?
Certes, les enfants lyonnais iront bien à la cantine, mais dans quelles conditions, sans un véritable service public ? Ne nous voilons pas la face, toutes les grèves ne sont pas uniquement pour des questions de salaire. Nous nous battons aussi et surtout pour défendre le service public et les conditions de travail des agent·es car cela a plus que jamais, des répercussions sur l’accueil des usagers dans nos services.
Aujourd’hui le préavis de grève a été levé par la CGT et d’autres Organisation Syndicales qui crient à la victoire, cherchent à s’attribuer les mérites du combat des agent·es des écoles et des crèches. ce combat a été très largement organisé par la CGT et ce dans la durée. Pour nous, rien n’est gagné et les accords de boutiquiers n’y changeront rien. C’est la lutte et le rapport de force qui ont permis le retrait et pour mémoire seule la CGT avait déposé un préavis sur cette question.
Nous réclamons toujours l’écriture d’un protocole d’accord, nous garantissant que cet « encadrement du droit de grève » ne sera pas remis à l’ordre du jour par la municipalité actuelle dans l’exercice de ses mandats.
Nous ne sommes pas reticent·es à la discussion mais nous n’accepterons ni aujourd’hui, ni à l’avenir, ni après l’arrivée d’un nouveau 1er ministre et ce, qu’elle que soit sa couleur politique, la remise en cause du droit de grève. La CGT Ville de Lyon est toujours en attente d’un véritable engagement écrit par l’exécutif en ce sens et nous serons de nouveau en négociation pour l’obtenir de l’administration. C’est par le rapport de force et la mobilisation que nous gagnerons. Nous sommes déterminé·es !