La ferme des Bertrand

La ferme des Bertrand, film réalisé par Gilles Perret, retrace la vie d une exploitation laitière sur 50 ans depuis la reprise en main par trois « oncles » en 1972.
Considérant l’actualité autour du mouvement des agriculteurs et du salon de l’agriculture, on pourrait, en allant voir ce film, vouloir y trouver les clefs de la compréhension du monde agricole. On pourrait vouloir y trouver les tenants et aboutissants des revendications, leur fondement concret, et que jaillissent de tout ça des solutions évidentes et réalisables (et permettant l’amélioration les conditions de vie des agriculteurs. Leurs conditions de travail. Leurs conditions matérielles. L’amélioration des interactions entre tous les acteurs de la société).
Et si ces fondements et solutions pouvaient, par dessus le marché, concorder avec notre idéologie personnelle …
Mais la ferme des Bertrand nous parle d’abord de la réalité quotidienne des trois oncles qui reprennent l’exploitation familiale tant par goût que pour préserver le patrimoine et le savoir faire familial, ou bien pour ne pas être celui qui braderait le domaine.


Partir d’une ferme rudimentaire pour la porter à bout de bras jusqu’à la faire rentrer dans la modernité en investissant la totalité des revenus dans le matériel moderne et l’automatisation. Voilà ce que nous montre la ferme des Bertrand. Œuvrer pour l’amélioration des conditions de vie en s’y consacrant entièrement. En y sacrifiant toutes ses journées, sans congés, toute son énergie, tout son temps et toute sa vie.
Un sacrifice de sa vie de famille aussi. Avec l’exode rural, les campagnes laissées sur le bas-côté de la modernité, les femmes partant en ville trouver du travail, le célibat chez les agriculteurs est une réalité mordante. La dureté des conditions de leurs débuts dans ce monde rural n’étaient guère en phase avec l’avènement des congés payés et de la société de loisirs qui en découlait. Les mots sont simples, dénués de faux-semblants, remplis à la fois d’assurance et d’humilité, de savoir, d’habileté manuelle, technique et économique et de modestie, et de pudique sensibilité. D’acceptation de leur sort car il découle de leur choix.
En terme de conditions de vie, les trois oncles ont surtout œuvré pour les générations futures, pour leur neveu qui a repris l’exploitation à son tour.
Les bénéfices sont là et leur lait, de qualité, est vendu, sans perte, pour faire du fromage de qualité. L’automatisation se poursuit et les conditions de vie s’améliorent, Oui, mais l’expérience familiale fait que chacun veille à ce que les enfants, la nouvelle génération, les petits neveux, soient laissés libres de découvrir le reste du monde, libres de ne pas porter le relais en perpétuant l’héritage familial, libres de ne pas être prisonniers de son milieu, mais libres aussi d’y revenir et de l’aimer, de le développer ou de le transformer.

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