Jeudi 4 février nous partons gaiement rejoindre le point de départ de la manifestation intersyndicale qui a pour mot d’ordre « Pour un monde plus juste et plus solidaire ». Sur le chemin, nous croisons des dizaines de CRS et de gendarmes mobiles en attente devant leurs cars. Plusieurs cassent la croûte debout. A notre passage et à la vue de la pancarte « policiers en colère », auréolée d’autocollants CGT, beaucoup nous sourient, certains lèvent le pouce, quelques-uns nous disent « merci ». Nous leur rendons leurs sourires et leur souhaitons bon courage.
Nous arrivons devant la Manufacture des tabacs où se trouvent déjà des milliers de camarades, drapeaux au vent. La foule est joyeuse et l’ambiance bon enfant. On nous réquisitionne pour tenir la banderole de tête avec les membres de l’intersyndicale. Je montre du doigt ma pancarte et questionne « ça ne pose pas de problème si je tiens la banderole avec ce panneau ? ». On me répond que « non, aucun problème ». On se retrouve donc en tête de cortège, devant le camion de l’UD, tenant la banderole d’une main et la pancarte « policiers en colère » d’une autre, marchant et dansant au rythme des chants partisans, reprenant en coeur les slogans et les paroles scandés au micro.
Sur le parcours, les badauds nous observent, beaucoup prennent des photos, à l’image des nombreux cameramen et photographes qui suivent la manifestation. Notre pancarte intrigue, attire les curieux, on nous demande si nous sommes « vraiment des policiers » … Nous répondons en riant « oui, on est de la police municipale de Lyon, donc des agents territoriaux comme vous ». « On est la police de proximité »
Mais sur le quai Gailleton la situation se gâte, l’heure n’est plus à la rigolade. Une femme demande à ma collègue qui tient la pancarte « si elle réellement de la police » et devant la réponse affirmative, ajoute « vous êtes très courageuse d’être là ». Puis elle rejoint un groupe de six jeunes, pulls noirs, capuches noires.
Regards noirs aussi quand ils se tournent vers nous. Ils s’approchent en criant « c’est une honte que vous soyez là ! Et ils nous insultent « . L’un nous colle un autocollant « antifasciste » sur la pancarte, nous réussissons à le décoller. Le groupe s’agite, nous menace, veut en venir aux mains. Il est stoppé par les camarades qui assurent le maintien d’ordre. Voyant cela, les représentants des autres organisations syndicales se défilent « on aurait dû discuter de votre présence à la banderole de tête. On quitte la banderole ». Et ils s’en vont. Les choses empirent place Bellecour lorsqu’un jeune tente d’arracher la pancarte des mains de la collègue.
Celle-ci tient bon, se débat, répète inlassablement en direction des énergumènes «on est ensemble, on est ensemble ». Les femmes du service d’ordre nous emmènent à l’écart, nous apaisent. Les jeunes veulent en découdre, ils sont déchaînés mais heureusement pour nous ils ne font pas le poids face aux collègues de la sécurité. Une camarade nous conseille de quitter les lieux.
Nous nous éclipsons par le métro, en cachant la pancarte avec une chasuble, conscientes d’avoir échappé au pire. Pendant le trajet, nous tentons de reprendre notre souffle et de nous remettre de nos émotions. Mais dans notre tête, une seule question revient en boucle : « La police on la veut CONTRE nous ou AVEC nous ? »
De cette expérience nous devons retenir aussi que la loi sécurité globale tente à mettre dans le même sac la police municipale et ses missions de proximité et la nationale…
Non pas que cette dernière mérite d’être traitée comme nous l’avons été aucun salarié ne le mérite.
Cela ne changera rien à notre engagement et nous serons toujours présents pour faire entendre aussi la voix de cette police syndiquée, aux cotés de la CGT et qui refuse de laisser ce terrain a l’extrême droite.
La police on ne la veut pas du tout
Bravo pour votre engagement, votre courage et votre sang froid. Évidemment qu’on veut la police avec nous ! Courage et soutien à vous.